Merci à tous pour vos messages.
L’Interne m’a mis sous 40mg d’Urbanyl par jour. Ca me fatigue et me relaxe. J’ai passé aujourd’hui la moitié de mon temps à enlever et à remettre ma bague, sans m’ennuyer. (J’ai aussi fait monter mon elfe niveau 32: il peut désormais fabriquer des armures en verre! Hélas, il me faut de la malachite, qui est coûteuse et je m’égare).
L’Hématologue est passé. Il m’a dit “Pas de panique, c’est encore contrôlable”, et lorsque je lui ai rapporté les paroles de l’Interne, concernant les fortes chances de rechute, il m’a dit que: “De toute façon, depuis que je vous connais…”
En bref: je suis typiquement le cas à rechuter.
Et cela, ça m’entraîne plus loin, du côté de tout ce que je ne pourrai pas vivre. Fonder une famille n’a jamais été un désir, mais cela m’est maintenant impossible: comment accepter de prendre le risque que mes enfants soient orphelins de père prématurément, à cause d’une violente rechute?
Et que faire: dois-je continuer mes études avec autant de ténacité, alors que je peux rechuter, et que, d’après le corps médical, je rechuterai: comment accepter d’étudier la grammaire comparée, quand l’on sait que demain, on peut être, plutôt que devant sa table de contrôle, à l’hôpital?
Voilà pour mes interrogations, pas très joyeuses, je vous l’accorde. Mais aujourd’hui, figurez-vous, a été une journée assez peu folichone. Et d’ailleurs, je regarde l’Avare de Molière. Et Molière ne m’a jamais amusé. Alors ça m’énerve encore plus. Gnnnéééééé devient Hulk
Demain, au lieu de la greffe, ils placent peut-être une injection de Brentuximab (ça ne fait pas de mal, hein?) qu’on va peut-être me remettre, après la greffe.
Ils vont aussi prendre des immunodépresseurs très bas, pour que la réaction à la greffe soit maximale. Et je crois lire derrière ces lignes que cela signifie que je vais morfler.
Puis, après, m’injecter progressivement des lymphocytes, pour maintenant la GVH.
Aujourd’hui, c’était un jour off: je n’ai pas fait de vélo, et je n’ai pas écrit mon poème quotidien. Demain, je me reprends. Et je relis le doux désespoir souriant de Cioran avec délice.