Bonjour à tous !
Je rejoins les membres de ce forum car comme la plupart d’entre vous on m’a diagnostiquée un lymphome de Hodgkin. Je m’excuse pour la longueur de ce texte mais ce soir j’avais besoin de vider un peu ma tête… et il n’y a que par écrit que j’y arrive!
Je m’appelle Marjorie et j’ai 27 ans. Je vis à une quinzaine de km de La Rochelle. Je travaillais en tant qu’employée chez Flunch. Le temps que j’arrive enfin à obtenir le concours professeur des écoles… Jusque là tout va bien.
Mais j’ai commencé par ressentir une petite fatigue courant novembre, le boulot étant assez dense je pensais qu’il ne s’agissait que d’une fatigue physique. Je me reposais autant que possible. Bien que cela ne s’atténuait pas tant que ça. Puis j’ai fini par avoir de gros signes de faiblesses début janvier de cette année. Ayant 4 jours de repos je me suis dis je vais me retaper… Oui je suis une dure à cuire!! J’évite le médecin autant que possible… pas bien me direz vous… sauf que mon chéri ne l’entendait pas comme cela et m’y a limite emmener par la peau des fesses… de là a commencé une longue batterie d’examens… une prise de sang tout d’abord pour évaluer telle ou telle bactérie… cela a montré que j’avais une mononucléose et une grosse anémie… Mon médecin traitant a alors téléphoné à l’hôpital et au vu des résultats de cette prise de sang m’a fait hospitalisée pour entre autres me transfuser du sang!
Ce séjour a duré 10 jours… car pour les médecins il y avait autre chose qui causait cette anémie! Ils m’ont alors auscultée et ont trouvé des masses sous les bras… au niveau du cou… et ma rate avait plus que doubler de volume… j’ai eu le droit au scanner et au scanner tep qui ont confirmé cela… puis à la biopsie… qui là a mis un mot final à tout cela: le fameux diagnostic, j’étais atteinte de ce lymphome de Hodgkin. Qu’est ce c’est??? Un cancer… et là direct c’est le choc, l’incompréhension… la peur qui nous tétanise… Le médecin vous parle mais vous n’êtes plus là. Bien que ce que je retiens et qui est au final très important c’est que ÇA SE GUÉRIT. Ces trois mots font alors écho dans ma tête.
Puis je pense surtout à mes proches. Comment vais je annoncer tout cela… d’autant qu’ils vivent à des km de moi… et je pense surtout à ma maman qui est une personne très angoissée pour beaucoup de choses… limite j’ai plus peur de devoir l’annoncer que de la maladie qui me ronge… Heureusement que mon ami était là pour me tenir la main. Il fallait que je prenne mon courage à deux mains. Je ne pouvais pas reculer car ils attendaient le “verdict”… Mais au téléphone c’est dur… et j’ai craqué à ce moment là. Cela a été une 1ère épreuve douloureuse. Une 1ere barrière à franchir. Évidemment la nuit qui a suivi a été très longue… tellement de questions dans ma tête… de peur… d’incompréhension et ce “pourquoi moi???” Qui revient sans arrêt…
Heureusement j’avais rdv dès le lendemain avec mon hématologue. Une personne géniale qui a pris tout son temps pour m’expliquer et surtout m’écouter. Elle m’a mise à l’aise dès le début et cela a été un énorme soulagement. Elle m’a parlé de mon traitement… BEACOPP! On commence fort pour éliminer au plus vite et diminuer ensuite si cela fonctionne correctement… évidemment il y a les effets secondaires… qu’elle me note tout sur une feuille. Elle m’évoque tout d’abord les troubles digestifs… la baisse des globules rouges et blancs , des plaquettes… et je demande si je vais perdre mes cheveux… car à ce moment là cela me fait peur. Pourquoi? Aujourd’hui je le sais c’est la “partie visible de l’iceberg”. Car sans cela personne ne peut savoir que vous êtes malade. Elle me répond que oui c’est une étape par laquelle je vais forcément passer, que cela sera dur car pour une femme c’est “sacré”. Mais qu’il y a plein de moyens pour remédier à cette difficulté. J’ai craqué car à cet instant c’est ce que je redoute le plus.
Aujourd’hui je n’ai presque plus de cheveux et je me suis fait une raison: tant que le traitement me guérit c’est ce qui compte. Alors oui je ne m’aime pas sans cheveux et il n’y a que mon chéri qui me voit comme cela au moment où nous nous couchons…mais je cache cette “partie” par de beaux foulards et bonnets…
Pour en revenir au traitement, j’ai donc commencé la chimio début mars. Car entre le diagnostic (début fevrier) et le chimio, mon hémato m’a proposé la conservation d’ovocytes pour “plus tard”… car les effets secondaires et bien cela a un impact aussi là dessus! Du coup tout s’est très vite enchaîné, les rdv en pma, les stimulations, les échos, les prises de sang, les rdv avec un gyneco… puis la fameuse ponction! C’est quand même positif d’avoir cette option pour nous les femmes! Et puis on arrive à garder un oeil sur l’avenir malgré tout…
Quant à la chimio j’ai commencé par deux cures de BEACOPP, donc deux fois 3 semaines. La 1e ne s’est pas trop mal passée. La 2e j’ai fini en aplasie avec fièvre… et hop une semaine à l’hôpital… avec antibiotiques et tranfusions! Plus mise en quarantaine pendant 2 jours… du coup le scanner tep a été décalé pour ne pas fausser les résultats ! Je l’ai donc passé le 18 avril et il s’est avéré que le traitement avait été efficace ! Beaucoup de ganglions ont disparu d’ailleurs ceux que je palpais je ne les sentais plus et cela a été confirmé! De plus la rate a quasi repris sa forme “normale”! Un soulagement. Malgré tout il reste des petits ganglions à la base du cou et en dessous des bras. Mon médecin m’a dit qu’on allait tout de même rester sur le protocole BEACOPP tout en diminuant les doses pour éviter l’aplasie… j’ai donc repris ma 3e cure 25 avril et la prochaine a lieu le 18 mai. Puis on fera un nouveau scanner tep…
En ce moment je me sens fatiguée mais la cortisone a un bel effet sur moi et j’ai beaucoup de mal à me reposer et dormir surtout. Ce sont dans ces moments là qu’on cogite le plus. Et plus on cogite moins on dort… cercle vicieux!^^ j’ai beaucoup de soutien de mes proches, que ce soit ma famille malgré qu’elle vit loin (mais qui me rend visite dès qu’ils peuvent et essaie de se relayer), mon chéri et mes amis. On ne me laisse pas tomber et ça fait du bien. Pour autant on se sent un peu “coupable” de leur infliger cela et c’est pourquoi aujourd’hui je suis ici à vous déballer ce moment de ma vie qui s’avère difficile. J’espère que ces quelques mots me feront du bien…
Sur ce on va de nouveau tenter de dormir car le repos est une partie de la guérison… et ce qui forge notre moral… je rêve tellement de l’après… de ce jour où on me dira “on arrête BEACOPP… c’est fini vous êtes guerie”… Les larmes me montent car j’ai l’impression que le chemin est encore long et la route que j’emprunte tellement sinueuse… Ce qui me réconforte ce sont les témoignages que je lis depuis un moment ici de tout ceux qui sont en rémission ! C’est tellement encourageant… alors pourquoi je n’y arriverai pas??? On m’a imposée cette put**n (désolée de la vulgarité) de maladie mais elle ne m’aura pas! Jamais! Il me reste plein de choses à accomplir dont le métier que je rêve depuis toujours professeur des écoles… il ne me manque que le concours même si pour cette année j’ai du abandonner… car le seul concours que je veux obtenir c’est celui de la guérison!
Allez je m’arrête ici pour aujourd’hui… merci de m’avoir lue…
A très vite
Marjorie