Bonjour,
Je m’appelle Pierre, j’ai 32 ans, je suis marié et j’ai un merveilleux petit garçon de 18 mois.
Ce forum m’a beaucoup aidé. Je tiens à remercier toutes les personnes qui témoignent ! J’ai passé des nuits entières à vous lire. Aujourd’hui, j’ai pris du recul et je souhaite également donner un peu d’espoir. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à écrire.
Voici un petit résumé de mon histoire :
En février 2019, j’apprends une merveilleuse nouvelle. Je vais être papa ! Je suis tellement heureux cependant cela fait plusieurs mois que je me sens très fatigué. En effet, je dois mettre mon réveil à plusieurs reprises le matin ce qui ne me ressemble absolument pas. Je fais du football et lors d’un entrainement d’endurance, début 2019, je finis dans les derniers alors que d’habitude je prends presque un tour de terrain à la majorité des joueurs. Je transpire beaucoup certaines nuits et j’ai du mal à déglutir. Je mets tout cela sur le compte de la nervosité et de mon travail. Les symptômes arrivent de manière aléatoire.
En mars 2019, les symptômes s’intensifient et sont présents tous les jours. Sueurs nocturnes, démangeaisons, fatigue, difficulté à déglutir, essoufflement, …
Le 6 avril 2019, je remarque un gonflement à la base de mon cou. Je me rends donc chez le médecin de garde. Celui-ci me prescrit une échographie. Le délai est long. Il faut un mois pour un rendez-vous. J’insiste donc en expliquant que je ne sens pas bien depuis longtemps et que je pense avoir quelque chose de grave. La réponse du médecin : « cela fait 35 ans que je fais ce métier, j’ai déjà vu des cancers et ce n’est pas un cancer ! ». Je rentre donc chez moi et mon épouse, inquiète, me convint de me rendre aux urgences le soir même. Je tombe sur un médecin qui m’écoute attentivement et me palpe correctement. On me fait une prise de sang qui révèle un taux de globules blancs anormalement élevés. Le médecin décide de me faire passer un scanner et me demande ensuite de revenir le lendemain matin pour les résultats.
Le 7 avril, je me rends à nouveau aux urgences. Je suis seul parce que je me dis que finalement c’est probablement une grosse infection et qu’une boite d’antibiotiques réglera le problème. Une fois arrivé, je donne mon nom et l’infirmière me demande ma carte d’identité pour ensuite m’accompagner et m’isoler dans une chambre. Un médecin vient ensuite et m’informe que c’est grave. Il y a des masses tumorales partout au niveau de ma cage thoracique et il faut que j’aille voir d’urgence un oncologue. J’ai pris un coup de massue sur la tête. J’ai dû rentrer expliquer à ma femme enceinte de trois mois que j’avais un cancer. Ce fût l’un des pires moments de ma vie. Mon entourage n’en revenait pas. Je ne fume pas, je ne bois pas et je fais beaucoup de sport.
Le 8 avril, je vois un hématologue qui me prend merveilleusement en charge. Il a fallu dix jours pour déterminer le type de cancer dont je souffrais. Nous sommes le 18 avril, les résultats du PET Scan et de la biopsie sont arrivés. Hodgkin stade VI B atteinte de la moelle osseuse, de la rate et des poumons. Heureusement tout a si bien été expliqué et planifié que je n’avais qu’une hâte c’était de commencer les chimios afin d’en finir. Le personnel de l’hôpital a été extraordinaire !
J’ai commencé par deux cures BEACOPP et ensuite un PET Scan. Résultat : score de Deauville 2 ! Je pouvais passer à quatre cures ABVD. Heureusement parce que les effets secondaires du BEACOPP étaient très lourds pour moi.
La reprise du football était prévue mi-juillet. Je me suis fixé l’objectif fou de reprendre avec le groupe. Une fois les cures d’ABVD commencées, je me suis entrainé. Au début, je ne faisais que marcher pour ensuite alterner course et marche. Arrivé à la mi-juillet, j’étais capable de courir plusieurs kilomètres sans m’arrêter. J’ai essayé de trouver des repères auprès de la fondation du cancer ou de l’hôpital. Malheureusement il n’y en avait rien concernant un encadrement sportif. J’ai dû faire moi-même mon programme et je suivais les entrainements de football comme les autres. Certains jours je tenais à peine debout mais j’y allais. Le sport et le fait de me mettre des objectifs m’ont permis de passer plus facilement cette épreuve. J’ai même réussi à jouer des matchs de football. C’était extrêmement difficile parce que je ne disais rien sur ma maladie. Je devais beaucoup me concentrer afin d’avoir un très bon placement parce que physiquement c’était comme jouer avec un coussin sur le visage. Je pense que j’étais régulièrement à la limite d’un malaise mais quel plaisir de lâcher prise quelques dizaines de minutes.
J’ai terminé les cures d’ABVD à la mi-septembre et j’ai passé un PET Scan un mois plus tard. J’ai appris que j’étais en rémission complète et que j’avais un score de Deauville à 1 !!
Mon fils est venu au monde deux semaines après la fin du traitement. Un moment merveilleux, je voyais le bout du tunnel. Malheureusement ma femme a subi une erreur médicale pendant l’accouchement. Huit semaines de douleurs, peu d’heures de sommeil et des mois à me soutenir pendant la maladie ont naturellement débouchés sur une dépression de plusieurs mois. Elle est cependant restée très forte. J’ai beaucoup de chance de l’avoir à mes côtés.
Mon fils ne dormait pas bien du tout et il se tordait souvent. Cela a duré 10mois et nous étions très inquiets. Après plusieurs séjours à l’hôpital, nous avons appris qu’il avait une pierre au rein. Il a été opéré avec succès et nous avons pu commencer à nous reconstruire.
Aujourd’hui je peux vous dire que tout le monde va très bien et que nous sommes heureux. Quand c’est dur accrochez-vous, tenez bon et ne lâchez rien !!! Même s’il peut être plus ou moins long, il y a toujours de la lumière au bout du tunnel.
Hodgkin stade IVB en rémission depuis septembre 2019.