Si tu qualifie ma réponse de “très touchante”, ce n’est pas un fait exprès de ma part mais comme tu as réalisé que mon mode de communication directe n’est pas que de la provoc’ gratuite et traduit aussi ma grande sensibilité, alors on se comprend.
Je sais que je suis quelqu’un d’exceptionnel, j’en ai une conscience très aigüe et ce, sans le moindre doute ni prétention, ce n’est qu’une réalité. C’est ce qui m’a permis de n’être pas influencé par la multitude de personnes qui m’ont toujours dévalués depuis l’enfance sans être elles-même suffisamment crédibles à mes yeux puisque infoutues de s’adapter à moi… depuis les enseignants et au sein même de ma propre famille y compris. Moi, j’ai toujours su ce que je valais réellement et mes échecs scolaires ou mes difficultés à m’intégrer n’ont évidemment pas de caractère de preuves de mes manques… ils illustrent simplement mon rejet viscéral d’un modèle d’organisation sociale qui ne me correspondait pas et auquel je me refusais à m’associer.
Après, on ne peut non plus pas s’exonérer totalement de l’extérieur et il m’a fallut composer pour “suivre le flux” d’un monde auquel je ne niais pas pour autant mon appartenance et mon côté pragmatique me l’a permis mais jamais sans ce sentiment tenace de devoir me soumettre malgré moi à une obligation imposée.
'Faut que tu t’assoies sur la légèreté et l’insouciance, t’es définitivement pas assez écervelée pour t’en contenter… j’ai un point de vue emprunt d’un certains mépris pour les “épicuriens” et autres personnages ventant béatement la beauté permanente de cette (leur) existence ; pour moi, quelqu’un de plein pied dans ce monde n’ignore ni n’occulte ses noirceurs. C’est être d’un égoïsme particulièrement méprisable que d’oser se dire être couramment satisfait de bonheur (même grâce à des futilités) en ayant en parallèle la connaissance des guerres et de tout ce que l’homme met consciencieusement et en permanence en oeuvre pour martyriser ses congénères.
Je ne dis pas qu’il faille s’auto-flageller à l’infini pour quelque chose dont on est pas directement responsable mais pour évaluer avec équité notre environnement, il est nécessaire de tout prendre en compte avec le plus d’objectivité et le fait est que les “râvis de la crêches” font trop souvent l’impasse sur une réalité qui leur déplait.
Mais bref, je ne t’invite certainement pas à axer ta vie à broyer du noir, ce serait aussi stupide que l’inverse sur lequel je me suis exprimé plus haut… je te dis juste que tu dois tenté d’avoir une conscience honnête de tout, de considérer le positif en l’appréciant mais sans négliger le négatif même s’il est déplaisant, ce n’est qu’à ce prix que l’on peut alors analyser avec justesse les évènements et les êtres…
Commence pas t’évaluer toi-même honnêtement, ne minimise pas tes défauts mais n’oublie pas tes qualités et je suis sûr que le bilan sera plutôt séduisant.
Tu as TA personnalité et tu feras TON chemin, je te souhaites d’être heureuse et triste, de rire et pleurer… de vivre comme tu veux ou comme tu peux et avec le moins d’erreurs de jugement que tu sauras.
Bonsoir, je viens ici afin de savoir si d’autres ont vécu ce que je ressens, malgré nos trajectoires personnelles, il y a sans doute des expériences partagées…
J’ai 21 ans. On m’a diagnostiqué un lymphome de Hodgkin stade IIIB fin décembre 2015 (trois ans que j’allais voir des médecins qui me renvoyaient en disant que mes ganglions apparaissaient sous l’effet du stress, comme j’étais en classe prépa et complètement abrutie par le boulot…)… En août 2015, donc quelques mois avant le diagnostic, une rupture amoureuse m’a plongée en dépression (bon, avec du vécu derrière, ce n’était que le révélateur). Du coup, en mode larve, sous-anti dépresseurs, mon système immunitaire a largué les amarres en me faisant un petit coucou, et c’est là que les vrais symptômes sont apparus, que vous connaissez : sueurs nocturnes, etc, et les ganglions qui avaient enflé appuyaient sur les nerfs de mon ventre, ce qui a déclenché des douleurs insupportables, l’appel de SOS médecins, l’écho, le scanner, et l’hôpital à Noël pour la biopsie. Joie.
Le 7 janvier 2016, premier jour de ma chimiothérapie, j’ai perdu ma grand-mère dont j’étais très proche, d’un cancer, deux heures avant qu’on ne me passe les produits.
J’ai donc pris le parti de me battre avec autant de force que je le pouvais, en sa mémoire. C’était une femme très battante qui depuis 10 ans était hémiplégique suite à un AVC, et qui se débrouillait toute seule, avec sa fierté et sa dignité… un modèle.
Aidée des anti-dépresseurs jusqu’en mai (j’avais commencé brièvement une thérapie en décembre avortée par la découverte du cancer), j’ai foncé comme une folle, continuant mes études, et la musique que je pratique, en même temps que je suivais les traitements (mon infirmière m’envoyait de grands MÉNAGEZ-VOUS par messages). Cela me permettait de faire en sorte que ma vie ne s’arrête pas, ne se freine pas à cause de la maladie. Je ne supportais pas l’idée de l’affaiblissement. Je voulais qu’on me voie vivante.
Et puis, juillet : la rémission.
Tout devrait aller bien. Tout le monde s’attend à ce que tout aille bien (“ça va, tu reprends une vie normale?”…). J’avais beaucoup “médiatisé” sur les réseaux sociaux mon combat, mais d’un coup, pouf, tout s’arrête. L’infirmière n’appelle plus. Les amis ne comprennent pas pourquoi on n’a pas la joie de vivre, pourquoi on n’a plus non plus envie de dire comment on va.
C’est l’heure du bilan, mais je vois tout en noir. Je culpabilise pour tout, pour mon comportement envers les gens qui m’ont soutenue et dont j’ai l’impression d’être redevable, pour des bêtises, pour penser presque que je serais responsable de ce qui m’est arrivé à force de trop tirer sur la corde pendant longtemps… C’est comme si je réalisais seulement ce qui m’est arrivé, comme si j’avais peur de la mort à présent que je suis en rémission alors que ça ne m’avait même pas traversé l’esprit pendant le traitement…
Je sais à présent que je dois remettre en question beaucoup de choses dans ma vie. Recommencer quelque chose de “neuf”. En faisant plus attention à moi, en me ménageant, en pensant d’abord à ce qui me fait du bien. Mais je me sens bloquée par mon cerveau qui tourne en boucle et cogite sur tout le négatif, sur cette année de pertes à répétition (couple, grand-mère, santé, moral… je ne parle pas de la forme, des cheveux qui repoussent à 0,3 millimètre/jour, toutes les joies de la chimio!). C’est un deuil total à faire…
Je pense évidemment qu’il faut laisser du temps au temps, mais quand on est jeune, qu’on a les études à finir, la vie à construire… tout va trop vite… On se sent désemparé devant tout ce qui s’est passé et nous a transformé alors que pour les autres la vie a suivi tranquillement son chemin… Je sens un décalage… (sans parler de la rechute, qui plane, au-dessus de nos têtes. Faut vivre avec.)
Comment avez-vous remonté la pente? Comment le cancer a transformé vos vies et vos représentations de la vie? J’aimerais beaucoup connaître d’autres points de vue sur les “retours à la vie” post-traitements…
J’ai une fille de 28 ans et ‘suis 2 fois grand-papa (indigne), on est donc pas du tout en rapport d’âge ni de genre ni de grand-chose on dirait… Seul nos maladies nous rapprochent quoi et en soi c’est plutôt pas mal bizarrement.
Ce que je lis de toi me renvoie que tu as traversé ces épreuves avec une grande force et si le soutiens d’autres t’as été utile, il faut que tu privilégie la réalité ; tu es une jeune femme forte malgré tes doutes et tes interrogations !
A 21 ans, la vie s’ouvre à toi mais comme tu as la malchance d’être tout sauf conne, tu gamberges à donf’ et comme j’imagine de nombreux jeunes qui se lancent dans des études exigeantes et longues, en plus de maronner sur le passé et de subir le présent, tu focalises sur des objectifs, tu te projettes, tu es dépendante de choses qui ne devraient pas prendre toute cette place dans ton esprit.
Pense à ta victoire sur la maladie et même, dis-toi qu’elle peut n’être que provisoire, temporaire en considérant les rechutes toujours possibles. Dis toi que tu as des capacités exceptionnelles et que tu es réellement un être exceptionnel au travers de ton endurance et de ta capacité à supporter les épreuves toute jeune et pas finie que tu es encore… tu ne fera que te renforcée !
Perso’, je n’avais pas tes facilités et j’étais une grosse feignasse jeune en plus d’être handicapé d’un point de vue sociabilité (limite autiste) “si bien” que je suis parvenu (sans effort donc) à passer le moins de temps possible sur les bancs scolaires.
J’ai toujours galéré dans ce monde de merde… un monde où je ne me plairai jamais (désormais c’est certain!) et malgré tout ; lui et moi, j’y ai fais ma route sans trop considéré tous les autres qui ne m’apportaient rien et me déconsidéraient souvent ; J’ai connu des femmes plutôt plus tard que beaucoup, j’ai eu des gosses, j’ai évolué intellectuellement et par moi-même et j’emmerde toujours autant cette société pourrie qui tend mécaniquement à nous réduire si on ne s’y conforme pas absolument !
Donc, en considérant ça, en étant un éternel insoumis, ce lymphome pour lequel je suis en cours de traitement ne représente à mes yeux qu’un épisode de plus dans ma vie, ni plus, ni moins…
Cette existence qui ne me plait définitivement pas, je la supporte néanmoins depuis l’age de raison et ce n’est pas cette putain de maladie qui décidera pour moi quand elle s’arrêtera !
Il ne constituera jamais ne serait-ce qu’un frein pour moi !
Pour ce qui te concerne, tu es d’évidence bien mieux armée que moi pour tout mais tu peux éventuellement t’inspirer de mon exemple remarquable qui démontre comment même un type aussi peu adapté d’emblée a tout de même pu se mouvoir si longtemps dans un environnement qu’il ressentait très profondément comme hostile et tu peux être sure que si moi, j’ai pu avancer fusse besogneusement, toi tu sauteras allègrement tous les autres petits obstacles qui se présenteront à l’avenir… je n’ai aucun doutes là-dessus à la lumière de tes mots.
Merci de votre réponse très touchante…
Je vois que même si, d’après ce que vous dites, que vous semblez ne pas tellement aimer ce monde, vous vous battez pour la vie, pour votre vie, et c’est une grande preuve de ténacité. Je souhaite sincèrement que dans quelque temps le lymphome soit une épreuve derrière vous… vous-même semblez être quelqu’un d’exceptionnel!
Oui effectivement, quelque soit notre âge, qui l’on est, je crois que les épreuves rapprochent. C’est pour cela que j’ai posté ce message, consultant ce forum où tout le monde se donne la main pour se tirer vers le haut.
Je ne sais pas si l’on peut dire que j’ai des “facilités”, mais en tout cas si c’est le mot, je pense que ça m’a, jusqu’ici, fait plus de mal que de bien. Tout a toujours eu l’air tout rose d’extérieur mais le parcours a été semé d’embûches… Le point d’orgue a été ce lymphome qui m’a fait prendre conscience que je devais arrêter de vivre pour l’image que je donnais de moi au risque d’y perdre ma santé, et vivre pour moi à mon rythme… alors “tu es dépendante de choses qui ne devraient pas prendre toute cette place dans ton esprit”, oui, cette phrase résonne beaucoup en moi : et faut vraiment que je travaille là-dessus pour trouver un peu de sérénité, à défaut d’insouciance (j’ai fait une croix dessus).
Quoi qu’il en soit, ça nous marque et nous transforme de l’intérieur, et c’est pas évident à gérer : c’est un peu comme si on changeait de peau, de cerveau, tout en devant évoluer dans le même environnement qu’avant. La ré-adaptation me semble une montagne à franchir. Encore une fois, on me l’a répété mais c’est vrai : le temps fera sans doute les choses…
Je lis ici et là que pas mal de gens ont repris le travail, les activités plus tard : peut-être que c’est un tort que j’ai eu de ne rien vouloir lâcher. Je me fatigue trop. Mais j’sais pas, bien que personne ne m’ait rien imposé, c’est comme si j’avais intériorisé la contrainte (en fait, euh, sans doute depuis longtemps) que tout doit être normal, au plus vite, rentrer dans les cases… C’est peut-être aussi la leçon à retenir de tout ça, qu’on n’est pas parfait et qu’on a bien le droit de souffler.
C’est un peu débile, mais dans mon cas gérer le retour à la vie sans hôpital, c’est plus difficile que combattre le cancer…