Ce message est adressé surtout à Évelyne (Ever), mais vous pourrez toutes et tous vous sentir concernés !
Toutes les maladies sont psychosomatiques ?!? Attention. Cette affirmation me pose problème à plus d’un titre. Pour commencer, elle semble nier plusieurs siècles de recherche et de progrès médicaux. L’identification des agents pathogènes, des causes infectieuses, génétiques, environnementales, etc., constitue un acquis extrêmement solide et bien documenté, sur lequel s’appuient tous les traitements ayant fait la preuve de leur efficacité. Ces recherches et les solutions médicales qui en découlent sont dans une large mesure à l’origine du prolongement de l’espérance de vie bien au-delà de celle qui était la nôtre il y a encore un siècle.
D’autre part, il ne suffit pas d’avancer une hypothèse formulée d’après une observation personnelle ou une intuition pour que celle-ci soit valide. Cette hypothèse doit être soumise à des expérimentations, portant sur des temps longs et des échantillons importants de population, expérimentations soumises à des protocoles précis et rigoureux, qui doivent être vérifiées et validées indépendamment par différentes équipes de chercheurs. Les effets possibles de l’état psychologique d’un patient sur son état de santé ont été étudiés et le sont encore, par exemple les conséquences d’un stress intense et prolongé sur le système immunitaire. Dans le cas du cancer, l’impact du stress semble pour l’heure non-concluant, en l’état actuel des publications accessibles au public.
Quoi qu’il en soit, affirmer que « toutes les maladies sont psychosomatiques » est au mieux une généralisation abusive, au pire dangereux. Cela peut amener des gens en souffrance à considérer que leur psyché est effectivement la seule responsable de leurs maux, avec pour conséquence une tentation de négliger des thérapies sérieuses et éprouvées au profit de simples « thérapies du bien-être » qui n’ont jamais fait leurs preuves. D’autre part cela induit l’idée que le malade est directement responsable du mal qui le frappe. Il s’agit donc d’une affirmation culpabilisante susceptible de plonger l’individu dans une détresse encore plus aigüe. Enfin, cela peut amener la personne à se désintéresser des causes réelles – parfois évitables – de la maladie, et favoriser des comportements à risque.
En conclusion, je trouve que cette conversation prend un tour assez douteux. J’avais créé ce sujet pour échanger des expériences sur la maladie qui nous affecte et particulièrement sur le protocole BEACOPP, non pour laisser libre court à des spéculations fantaisistes, non-scientifiques et potentiellement nuisibles aux autres malades. Je vais par conséquent en rester là, en vous souhaitant néanmoins une bonne continuation et tout le courage possible pour affronter ces jours difficiles.